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L'orchite

Définition - Etiologie

L’orchite est une inflammation du testicule qui peut toucher les différentes structure testiculaire (vaginale, tunique albuginée, parenchyme). Les orchites sont le plus souvent unilatérales. Elles peuvent être associées à une épididymite, ou à une vésiculite (inflammation des glandes vésiculaires).   

Les orchites peuvent avoir une origine infectieuse et être causées par un germe spécifique (Brucella abortus ou Brucella ovis, Chlamydophila abortus, Actinobacillus seminis) ou par des germes non spécifiques (Staphylococcus sp., Streptococcus sp., Trueperella pyogenes, Histophilus somni). La contamination se fait par voie ascendante lors du chevauchement (animaux porteurs, matériel souillé), par voie hématogène ou à la faveur d’un trauma. 

Un traumatisme sur le scrotum peut provoquer une orchite non infectieuse aiguë, caractérisé par une vive inflammation des testicules (rougeur, chaleur, douleur et œdème), qui peut se transformer en orchite septique.   

Une orchite auto-immune est possible suite à une épididymite : une rupture du canal épididymaire et la libération de spermatozoïdes dans le tissu interstitielle provoque la formation d’un granulome spermatique qui peut être à l’origine d’une épididymo-orchite auto-immune responsable d’infertilité. 

Les orchites touchent 6% des béliers, les boucs sont moins affectés. Chez les bovins allaitants, l’incidence des orchites est de 0.45%, et 0.12% chez les taureaux laitiers.   

Diagnostic

Clinique

Une orchite peut être suspectée dans le cas où une infertilité ou hypofertilité est mise en évidence dans le troupeau.

A l’examen du testicule lors d’une orchite aiguë, des signes locaux d’inflammations seront présents. L’atteinte est très souvent unilatéral, et la palpation est douloureuse. Le testicule affecté présente rarement une augmentation importante de volume car l’albuginé est peu élastique. Lors de péri-orchite, des adhérences entre le scrotum et le testicule sont présentes.  

Lors d’orchite chronique , le testicule est dur, irrégulier et peut-être atrophié.  

Une atteinte de l’état général est possible lors d’orchite aiguë : une hyperthermie, abattement, anorexie, position antalgique, refus de saillie sont des signes cliniques qui peuvent être présents. 

Microscopique

A l’examen de la semence, on peut mettre en évidence du pus dans le sperme grace à test de schalm positif. Le mâle peut également présenter une oligo à azoospermie et une tératospermie.  

Le diagnostic étiologique, rarement entrepris, repose sur des recherches bactériologiques à partir de liquide de lavage de la cavité préputiale ou d’éjaculat, et par sérologie.  

Différentiel

Le diagnostic différentiel inclut la hernie scrotale (élargissement du scrotum mais taille des testicules conservée, non douloureux et non chaud) les abcès scrotal (présence d’une masse dans le scrotum mais taille des testicules conservée), l’épididymite  (l’épididyme est hyperplasié, comme l’orchite lors d’épididymite il y a douleur scrotale et élargissement du scrotum), et un varicocèle (le scrotum est élargi et douloureux mais les testicules sont de tailles normale et une masse est palpable au niveau du cordon spermatique). 

 

Orchite aiguë chez un taureau
Orchite chronique chez un bélier, on remarquera l'atrophie du testicule gauche (à droite sur l'image).

Echographique

On retrouve très peu d’images échographiques d’orchite dans la littérature. Dans leurs travaux P.G.Gouletsou et al. ont provoqués des orchites bactériennes en inoculant Arcanobacterium pyogenes dans des testicules de béliers (1). L’examen échographique des testicules inoculés a révélé des lésions qui ont été ensuite confirmées à l’examen histologique. 

En phase aiguë de l’orchite, des zones hypoéchogènes presque sphériques centrées autour du site d’injection correspondent à une infiltration par des leucocytes et du liquide d’œdème. Les vaisseaux sanguins apparaissent dilatés. Des zones hyperéchogènes peuvent être visibles et correspondent à la minéralisation tubulaire. Ces lésions n’étaient pas détectables à l’examen clinique.  

Une fois la phase aiguë de la maladie passée, la zone hypo-échogène s’efface et laisse place à de multiples foyers hyperéchogènes correspondants à des foyers de fibrose entre les tubules séminifères. 

A1 : coupe transversale du testicule inoculé avec A.pyogenes, en phase aigüe les modifications correspondent à des zones hypo-échogènes et la présence de foyers hyperéchogène. A2 : Sur la coupe histologique correspondant à la même phase, un œdème interstitiel et une infiltration leucocytaire diffuse est visible, les tubules séminifères sont dégénérés : les cellules de Sertoli sont vacuolées et desquament.

Pronostic - Traitement

L’orchite peut ensuite évoluer vers une dégénérescence testiculaire, la formation d’un granulome, de spermatocoele, une abcédation, la persistance d’adhérences entre le testicule et le scrotum. Lors d’orchite unilatérale la réaction inflammatoire peut induire des réactions thermiques dans le testicule controlatéral.

Dans l’étude de P.G Gouletsou et al. (1) une récupération de la qualité du sperme après 70 jours a été satisfaisante pour les béliers ayant la meilleure qualité du sperme avant inoculation. Les béliers avec un sperme de qualité moyenne n’ont pas eu une récupération correcte menant à une hypofertilité. 

Ainsi lors d’orchite le pronostic est globalement sombre, si l’atteinte est bilatérale mieux vaut conseiller la réforme. 

La prise en charge thérapeutique repose sur la mise au repos sexuel, l’utilisation d’AINS lors de forme aiguë, une antibiothérapie pendant 2 à 3 semaines avec des antibiotiques à larges spectres. L’hydrothérapie froide ou l’application de glace (plusieurs séances de 15-20 minutes par jour) permet de diminuer l’inflammation et l’œdème. Le traitement est coûteux et ne sera efficace que s’il est entrepris rapidement.

La castration unilatérale permet de conserver la fonction de l’autre testicule s’il n’est pas atteint.

Source

(1) P.G. Gouletsou, G.C. Fthenakis, P.J. Cripps, N. Papaioannou, T. Lainas, D. Psalla, G.S. Amiridis. Experimentally induced orchitis associated with Arcanobacterium pyogenes: clinical, ultrasonographic, seminological and pathological features, Theriogenology, Volume 62, Issue 7, 2004, Pages 1307-1328