Cas clinique n°6
Prolapsus de la verge chez un taureau Blond d’Aquitaine
Motif de consultation
Un éleveur sélectionneur de race Blonde d’Aquitaine a fait appel à son vétérinaire pour un taureau présentant un défaut de rétraction du pénis dans le fourreau.
Le taureau est âgé de 7 ans, pèse 1 tonne, il est né de transplantation embryonnaire, est inscrit au Herd book de la race et participe à des concours.
L’examen de l’appareil génital du taureau, après une légère sédation, révèle un prolapsus permanent du pénis de 8 à 10 cm, difficilement rétractable dans le fourreau. L’extrémité du pénis est œdématiée et saigne légèrement. Une plaie superficielle de 2 à 3 cm est visible à l’extrémité dorsale de la verge.
Un traitement médical est mis en place. Localement, des irrigations quotidiennes avec une solution de povidone iodée à 3% sont suivies de l’application d’une pommade contenant une association prednisolone et chloramphénicol. Une antibiothérapie à base de céphalosporine est associée à un traitement anti-oedémateux, (hydrochlorothiazide + dexaméthasone) pendant 5 jours.
Le taureau est isolé dans un box afin d’assurer les soins.
Lors de la visite suivante, 2 semaines plus tard, le prolapsus de la verge persiste. Le taureau est alors référé à l’Ecole vétérinaire de Toulouse.
Examen clinique et génital
L’état général du taureau est bon, l’extrémité du pénis est froide, nécrosée, souillée, oedématiée sur une quinzaine de cm. Des lésions superficielles sont visibles à la surface du pénis. Une plaie profonde de 2 à 3 cm est visible sur la face dorsale de la verge.
Le taureau ne présente pas de trouble de la miction.
Diagnostic différentiel
Traitement chirurgical
Une antibiothérapie préopératoire (pénicilline procaïne G) associée à un anti-inflammatoire, (kétoprofène) est instaurée une heure avant le début de la chirurgie.
L’anesthésie est induite avec une association xylazine- kétamine et est maintenue avec du Gaïacolate de Glyceryl Ether pour une durée approximative d’une heure. Il reçoit une perfusion intraveineuse de glucose 5%.
Principaux temps opératoires
Une sonde urinaire est mise en place pour repérer l’urètre et préserver son intégrité. Un garrot est posé 5 à 10 cm en amont de la zone à amputer.
Un triangle est disséqué en zone saine sur la face ventrale du pénis, jusqu’à l’urètre puis celui-ci est ouvert longitudinalement. Les bords de l’urètre sont éversés sur les bords de la plaie en triangle puis suturés avec des points simples. La portion nécrosée du pénis (10 à 15 cm) est sectionnée obliquement vers le bord dorsal du pénis. La tunique albuginée est suturée de manière à recouvrir le corps caverneux à l’aide de points simples. Le premier point est placé médialement et les suivants de part et d’autre.
L’évolution est favorable, le prolapsus de la verge est totalement réduit. Les examens urinaires ne montrent pas d’anomalies.
Traitement post-opératoire et évolution
Un traitement médical postopératoire d’une semaine est instauré. L’injection par voie veineuse tous les 2 jours d’acépromazine (hors AMM) facilite l’extériorisation partielle du pénis et l’inspection de la plaie. Une pommade antiseptique, calmante, décongestionnante et cicatrisante est appliquée à chaque examen (sulfapyridine).
L’antibiothérapie est poursuivie pendant une semaine associée à un anti-inflammatoire (meloxicam).
Le taureau regagne son cheptel un mois plus tard.
Chez l’éleveur, le taureau déverge difficilement lors des mictions. La monte naturelle est compromise compte tenu de l’étendue de la zone amputée. En revanche, le taureau conserve toutes ses aptitudes reproductrices. Des collectes de sperme et la congélation de sa semence sont envisagées afin de conserver la valeur génétique de ce taureau élite.
Source
ESPINASSE C., PICARD-HAGEN N., SCHELCHER F. & SAUSSIER C (2007), Test clinique : Prolapsus de la verge chez un taureau Blond d’Aquitaine, Le Nouveau Praticien Vétérinaire, Elevages et Santé 5 : 4 et 92-93.