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Examen clinique et génital

Anamnèse

  • Analyse des résultats de reproduction: l’évaluation de la fertilité du mâle commence par l’analyse des résultats de reproduction de l’élevage : on suspecte une hypofertilité du taureau lorsque le nombre de retour en chaleur dans le lot de vaches mises en contact du taureau augmente et lorsque plus de 60% des femelles sont vides après une saillie.

  • Statut du cheptel: le statut du cheptel et du taureau pour les maladies pouvant être responsables d’une baisse de la fertilité est également intéressant à vérifier (IBR, BVD, Brucellose, Leucose, Besnoitiose, trichomonose, campylobactériose…).

  • Conduite de la saison de monte: Le nombre de femelles à allouer à un taureau dépend de son âge, allant de 12 à 20 vaches pour un taureau d’un an, jusqu’à 30 à 40 vaches pour un taureau de 3 ans et plus. Un trop grand nombre de femelles allouées à un jeune taureau peut provoquer son épuisement, et en resultera un plus faible taux de gestation chez les femelles. 

  • Préparation du mâle à la saison de monte: Pendant la saison de reproduction, les taureaux ont une capacité d’ingestion insuffisante pour couvrir leurs besoins énergétiques. Ils utilisent alors leur gras corporel comme source d’énergie et peuvent perdre jusqu’à 68 kg. Il est donc indispensable que la ration du taureau en période pré-reproduction lui permette d’avoir des réserves suffisantes. En revanche le dépôt de gras ne doit pas être excessif, ce dépôt dans le scrotum pouvant gêner la thermorégulation.

Commémoratifs

Nous orientons les questions posées à l’éleveur selon plusieurs axes afin de caractériser le problème de fertilité dans l’élevage de manière exhaustive.

  • Caractériser l’apparition du problème de fertilité: on s’intéressera d’abord à la durée d’évolution du problème. Pour cela, on aborde la question d’une manière plutôt subjective en questionnant l’éleveur sur la durée du problème, puis par le recueil et l’analyse des résultats de reproduction de l’élevage nous pouvons obtenir l’information exacte de l’apparition du problème. Notamment grâce à l’âge des derniers veaux nés ou de la dernière femelle saillie et effectivement gravide. 

  • Observation des saillies : Il est intéressant de demander à l’éleveur s’il a vu le taureau saillir, et la fréquence. Cela permet de nous renseigner sur la libido. Enfin, il faut s’assurer que l’éleveur n’a pas décelé d’anomalies lors de la saillie, d’ordre locomoteur, ou d’anomalies au niveau du pénis par exemple.
     
  • Etat de santé du taureau : On demande si le taureau a été malade au cours des derniers mois, en effet certaines maladies peuvent causer une hyperthermie responsable d’une infertilité pendant plusieurs mois suivant l’épisode. Pour déceler une affection sous-jacente chronique, on se renseignera également sur une perte de poids ou fonte musculaire.

L'examen clinique général

Certains points sont à contrôler particulièrement lors de l’examen clinique d’un taureau reproducteur :

La libido

Environ 10% des taureaux sont concernés par une libido trop faible, qui a elle seule explique une part non négligeable de l’infertilité. 

Un test de mise en contact du taureau dans un enclos avec des vaches en chaleur permet d’évaluer la libido. Elle est considérée insuffisante lorsqu’il y a absence de tentative de chevauchement après 10 min de contact avec une femelle en chaleur, ou moins de 2 tentatives après 15 à 20 minutes. 

Un résultat faible n’est pas irréversible pour un jeune taureau, car l’apprentissage peut se faire jusqu’à 16 mois.

L'examen de l'appareil reproducteur

On observe la forme, la symétrie, le volume du scrotum, l’épiderme en recherchant d’éventuelles lésions cutanées (hyperkératose, plaies…).

Il faut ensuite mesurer la circonférence scrotale à l’aide d’un mètre ruban, au niveau du plus grand diamètre scrotal, en maintenant les testicules au fond du scrotum. La circonférence scrotale est corrélée au poids des testicules et à la qualité de la semence. En effet une circonférence scrotale élevée est associée à une production de sperme plus importante et à une proportion de spermatozoïdes de morphologie normale plus grande. Un seuil minimal de 30 voire 33 cm pour un taureau de plus de 2 ans est nécessaire pour assurer la fertilité du taureau.

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mesure de la circonférence scrotale
Palpation des bourses

La palpation se fait à deux mains. La consistance est ferme et élastique, les testicules doivent être mobiles verticalement dans le scrotum.  Un défaut de mobilité nuit à la thermorégulation et en conséquence à la spermatogenèse. La  palpation du corps de l’épididyme est délicate car il est étroit et longe le testicule dans sa partie médiale, on peut le percevoir en repoussant le testicule controlatéral. La palpation de la tête et de la queue de l’épididyme est plus aisée, leur aspect est nodulaire souple et symétrique. On s’assure de l’absence de douleur à la palpation, d’induration ou d’anomalies de taille. On palpe également le volume et la symétrie des cordons spermatiques près du septum médian. 

Pour réaliser l’examen des glandes annexes, une palpation transrectale est nécessaire. Le corps de la prostate est située à une dizaine de centimètres crânialement à l’anus et nesure environ 3,5 cm de large et 1,5 cm d’épaisseur. Elle apparait comme un renflement ferme. 

Les glandes vésiculaires forment un V crânialement à la prostate, et encadrent les ampoules déférentes. Elles ont une texture ferme et leur lobulation est palpable. On appreciera leur taille (10cm de long et 2 à 4 cm de diamètre), leur symétrie et leur mobilité.

On inspectera ensuite le fourreau, notamment l’aspect de l’épiderme, la présence d’écoulements… A la palpation, on vérifiera l’absence de douleur, de gonflement et de chaleur anormale. On palpera également le pénis à travers le fourreau à la recherche d’une déformation. 

Pour inspecter le pénis, une extériorisation peut être favoriser par électroéjaculation ou par la présence d’une vache en chaleur. On évaluera alors la mobilité, et l’aspect de la muqueuse.

Examen visuel du pénis extériorisé

Extériorisation du pénis par anesthésie

Lorsque l’électroéjaculation ou la présence d’une vache en chaleur ne permettent pas d’obtenir une extériorisation du pénis suffisante, il est possible d’avoir recours à l’utilisation de l’anesthésie.

La première méthode consiste à utiliser des de la xylazine ou de la kétamine par voie veineuse ou intramusculaire.

Une deuxième méthode, rarement pratiquée en France, consiste a réaliser une anesthésie des nerfs honteux, permetant une relaxation du pénis et son extériorisation, tout en gardant le bovin debout.Cette technique est utile pour examiner le pénis ainsi que pour réaliser des chirurgies péniennes courtes comme l’ablation d’un fibropapillome. 

Le nerf honteux interne est constitué de fibres venant des branches ventrales du 3ème et 4ème nerf sacré. Le nerf honteux est un nerf mixte, support de fibres motrices innervant l’urètre et les muscles du pénis, ainsi que des fibres sensitives innervant une région étendue du scrotum au périné. Le geste doit être répété deux fois pour anesthésier les 2 nerfs honteux. 

Sites d'incision au niveau de la fosse ischiorectale (Source : In Practice, Mars 2001)
Schéma représentant l'anatomie du nerf honteux, (Source : Fiche technique, le point vétérinaire, Juillet-Août 2008, N°287)

L’aiguille est insérée dans la fosse ischiorectale (préalablement préparée chirurgicalement), délimitée ventralement par la tubérosité ischiatique, latéralement par le ligament sacro-sciatique et médialement par l’anus. 

2 mL de lidocaïne sont injectés en sous-cutané au point le plus profond de chacune des 2 fosses. Une incision est réalisée au scalpel, au niveau des 2 sites afin de faciliter ensuite l’introduction d’une aiguille de 10 à 15 cm et de 16G qui est utilisée pour réaliser le bloc. Une aiguille de 18G pour ponction médullaire peut aussi être utilisée. 

La main gauche est insérée par voie trans-rectal jusqu’au poignet, afin de palper le foramen sciatique droit, qui est reconnu par la sensation d’une dépression dans le ligament sacro-sciatique. Le foramen est cherché en position ventrale et latérale. Le nerf honteux peut être palpé sur le ligament sacro-sciatique, crânio-dorsalement au foramen, à un travers de doigt dorsalement à l’artère honteuse. Lorsque l’aiguille a été insérée dans la fosse ischio-rectale droite d’une distance de 5 à 7 cm alors la main dans le rectum arrive à reconnaître l’aiguille. L’aiguille est alors dirigée en direction du nerf, légèrement crânialement au foramen. 20 à 25 mL de lidocaïne sont alors injectés, puis l’aiguille est redirigée 2 à 3 cm caudo-dorsalement où 10 mL de lidocaïne supplémentaire est injectée. Une fois l’aiguille retirée, les sites d’injection sont doucement massés pour faciliter la diffusion du produit. Ensuite la position des mains de l’opérateur est inversée afin d’anesthésier l’autre côté.

L’effet est atteint 30 minutes après la fin de la procédure et dure 2 à 6 heures. Après l’intervention sur le pénis, afin d’éviter tout traumatisme, il doit être replacé dans la cavité préputial et protégé par des bandages.

Testez-vous !

Retrouvez dans la section Quiz et Cas cliniques un questionnaire pour tester votre aptitude à réaliser un bon examen clinique et génital !

Quiz n°3 : examen clinique et génital