L'épididymite
Définition - Etiologie
L’épididymite est l’affection de l’épididyme la plus fréquent. Souvent unilatérale, la portion la plus touchée est la queue de l’épididyme.
L’épididymite est souvent accompagnée d’une orchite ou de lésions de vésiculites. Lors d’infection ascendante par le canal déférent, l’épididymite est généralement présente avant l’orchite ou la péri-orchite alors que lors d’infection hématogène on observe en premier une orchite suivie de l’épididymite.
Elle est surtout observée chez les ovins, et reste rare chez les bovins (<1%) et les caprins. Des enquêtes menées en Australie ont suggérés une prévalence de l’épididymite chez les béliers de 3 à 18 % (1). Brucella ovis est la principale cause d’épididymite, responsable de l’épididymite contagieuse du bélier. Elle se transmet lors de saillies entre mâles ou par contact avec de l’urine infectée. La queue de l’épididyme est un site privilégié d’infection à Brucella abortus et Brucella ovis.
D’autres agents pathogènes peuvent causer épididymite, ce sont les mêmes que ceux responsables d’orchites : (E.coli, Proteus spp, Chlamydophila abortus, Actinobacillus seminis, Actinomyces pyogenes, Actinomyces pseudotuberculosis, Pseudomonas aeruginosa, Mycoplasma bovigenitalium, Mycobacterium tuberculosis, Streptococcus spp, Staphylococcus spp, Hemophilus spp, Salmonella spp, Chlamydia psittaci).
Diagnostic
Clinique
La palpation révèle un épididyme augmenté de volume, chaude et douloureux. La texture peut être modifiée : plus souple en phase aigüe (présence de liquide d’œdème) et plus fibreuse en phase chronique.
Chez les ovins le diagnostic de l’épididymite contagieuse se fait au premier abord par palpation minutieuse de tous les béliers du troupeau : Si plus de 5% des béliers ont des lésions à la palpation, alors une infection par B. ovis est très probable. Toutefois la présence de lésions épididymaires palpables est un indicateur peu fiable d’infection par B.ovis (2) : en effet seulement la moitié des béliers séropositifs à B.ovis ont des lésions palpables. Un contrôle sérologique des béliers est donc indispensable pour repérer tous les individus porteurs.
Microscopique
Des éléments à l’examen de la semence peuvent nous orienter vers une épididymite . S’il y a présence de pus dans le sperme, (la présence de leucocytes n’est pas spécifique d’une épididymite, une infection de l’appareil génital et ou urinaire peut en être responsable), si on met en évidence une diminution de la motilité individuelle des spermatozoïdes, une oligospermie, ou de nombreuses malformations secondaires des spermatozoïdes (Une étude (3) a montré que l’infection des béliers par B.ovis entraine plus de malformations secondaires que primaires).
Echographique
Lors d’épididymite aiguë, l’épididyme est élargi, le parenchyme devient hypoéchogène par la présence de liquide inflammatoire et il prend un aspect plus granuleux qu’un parenchyme sain (zone bleue). Le parenchyme testiculaire peut présenter un aspect normal (jaune). Dans les formes chroniques, le parenchyme de l’épididyme devient plus hétérogène avec parfois présence de zones hyperéchogènes correspondant à des zones de minéralisation.
Dans certains cas (notamment lors d’infection à Brucella ovis (5)), il est possible de relever relever la présence de nodule anéchogène correspondant à un abcès (zone verte ci-dessous) dans la queue de l’épididyme (en bleu).
Pronostic - Traitement
Une épididymite aiguë peut provoquer la formation d’un hydrocèle, d’une péri-orchite ou d’une orchite notamment par hyperthermie locale.
Lors d’infection à Brucella ovis, 50% des béliers infectés ont une fertilité inférieure à celle de bélier non infectés, (4). Même les béliers ne présentant pas de lésion détectable présentent une motilité des spermatozoïdes réduite et une oligospermie. Les effets de B.ovis sur la fertilité dépendent de la gravité de l’infection, et de si l’atteinte est unilatérale ou bilatérale.
Les béliers atteints d’épididymite contagieuse sont à réformer : les lésions sont permanentes et la fertilité du bélier restera faible, même après un traitement.
Ainsi lors d’épididymite, le pronostic pour la reprise de la fertilité est sombre.
Le traitement, est identique au traitement de l’orchite. Une castration unilatérale peut être indiquée.
Sources
(1)Miller and Moule, 1954; Watts, 1955; Osborne, 1955; Ryan, 1964; Murray, 1969
(2)Hughes, et Claxton, P. D. (1968). BRUCELLA OVIS INFECTION: 1. An Evaluation of Microbiological, Serological and Clinical Methods of Diagnosis in the Ram. Australian Veterinary Journal, 44(2), 41–47.
(3) Cameron, R.D.A., Carles, A.B., Lauerman Jr., L.H., 1971. The incidence of Brucella ovis in some Kenya flocks and its relationship to clinical lesions and semen quality. Vet. Rec. 89, 552–557.
(4) McGowan, B., and D. R. Devine. 1960. Epididymitis of rams: the effect of the naturally occurring disease upon fertility. Cornell Vet. 50:103-106.
(5) C.A. Carvalho Júnior et al, (2012), Andrological, pathologic, morphometric, and ultrasonographic findings in rams experimentally infected with Brucella ovis, 102(2-3), 213–222.